Voici en intégralité la décision des commissaires sur les réclamations déposées par Red Bull à l'encontre de George Russell à la suite du Grand Prix du Canada, pour tenter de faire remporter la victoire à Max Verstappen sur tapis vert.
La décision commence ci-après :
Procédure
1. Le 15 juin 2025, à la suite de la publication du classement provisoire du Grand Prix du Canada, Oracle Red Bull Racing ("Red Bull") a déposé une réclamation contre la voiture n°63 (George Russell) engagée par Mercedes-AMG PETRONAS F1 Team ("Mercedes"). Red Bull a fait valoir dans sa réclamation que le pilote de la voiture n°63 avait enfreint l'article 55.5 du Règlement Sportif de la Formule 1 en freinant de manière injustifiée et erratique derrière la voiture de sécurité. La réclamation alléguait en outre que le pilote de la voiture n°63 avait enfreint l'article 12.2.1 m du Code Sportif International de la FIA en se plaignant que le pilote de la voiture n°1 l'avait dépassé sous le régime de la voiture de sécurité. Les parties ont été convoquées et entendues.
Les personnes suivantes étaient présentes lors de l'audience :
Au nom de Red Bull : Stephen Knowles, Gianpiero Lambiase et le pilote de la voiture n°1, Max Verstappen
Au nom de Mercedes : Ron Meadows, Andrew Shovlin et le pilote de la voiture n°63, George Russell
Au nom de la FIA : Tim Malyon et Rui Marques
2. Aucune des parties n'a contesté la composition du panel des commissaires
3. Aucune des parties n'a demandé l'audition de personnes supplémentaires ni la conduite d'enquêtes supplémentaires.
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4. Les commissaires jugent que la réclamation est recevable, car toutes les conditions prévues à l'article 13 du Code Sportif International de la FIA sont remplies.
5. L'audience relative à la réclamation a ensuite eu lieu.
Les réclamations de Red Bull
6. Red Bull a affirmé que lors d'un déploiement de la voiture de sécurité, le pilote de la voiture n°63 avait freiné de façon injustifiée dans la ligne droite entre les virages 12 et 13, ce qui avait obligé la voiture n°1, qui suivait la voiture n°63, à dépasser cette dernière avant de se rabattre derrière elle après qu'elle eut accéléré.
7. Red Bull a également prétendu qu'en se plaignant par radio à son équipe que la voiture n°1 l'avait dépassé sous le régime de la voiture de sécurité, le pilote de la voiture n°63 avait "fait preuve d'un comportement antisportif".
8. Le pilote de la voiture n°1 a déclaré qu'il avait été surpris par le freinage soudain de la voiture n°63 dans la ligne droite et qu'il n'avait pas d'autre choix que de dépasser momentanément la voiture n°63.
9. Red Bull a présenté des données télémétriques montrant l'utilisation de l'accélérateur et des freins de chaque voiture.
10. Red Bull a suggéré que l'on pouvait déduire du fait que les images embarquées de la voiture n°63 montraient le pilote regardant dans ses rétroviseurs avant de freiner qu'il savait que la voiture n°1 était juste derrière lui et qu'il avait freiné pour forcer la voiture n°1 à le dépasser afin de la contraindre à commettre une infraction.
11. Red Bull a suggéré que le pilote de la voiture n°63 s'était plaint du dépassement sur sa radio d'équipe, sachant que cela serait entendu par la direction de course et dans l'espoir que la voiture n°1 ferait l'objet d'une enquête.
12. Ils ont également suggéré qu'il devait être évident pour le pilote de la voiture n°63 que la course se terminerait sous Safety Car, de sorte qu'il n'était pas nécessaire pour la voiture n°63 de maintenir la chaleur des pneus et des freins.
George Russell, Mercedes
Photo de: Sam Bloxham / Motorsport Images via Getty Images
Les arguments de Mercedes en défense
13. Le pilote de la voiture n°63 a expliqué que :
les freinages périodiques sont courants et prévisibles lors des interventions de la voiture de sécurité afin de maintenir la température des pneus et des freins ;dans la ligne droite arrière, il a rattrapé la voiture de sécurité. Le pilote a fait référence à une vidéo embarquée qui le montrait en train de gesticuler avec sa main, ce qui, selon lui, était un signal destiné au pilote de la voiture de sécurité pour lui demander d'accélérer ;il a freiné à cet endroit pour deux raisons. Tout d'abord, pour s'assurer de maintenir une distance avec la voiture de sécurité. Ensuite, pour maintenir la température de ses freins et de ses pneus ;il a regardé dans ses rétroviseurs avant de freiner pour vérifier si la voiture n°1 était immédiatement derrière lui et n'a freiné qu'après avoir vu que la voiture n°1 était décalée sur le côté ;sa télémétrie a montré que la pression de freinage qu'il a appliquée était de 30 psi, ce qu'il a qualifié de modéré ;le pilote de la voiture n°1 aurait dû anticiper qu'il pourrait freiner pour maintenir la température de ses freins et de ses pneus ;il n'est en aucun cas de la responsabilité de la voiture qui précède de surveiller la voiture qui la suit ;en signalant à son équipe que la voiture n°1 l'avait dépassé, il n'avait pas l'intention de provoquer une enquête sur la voiture n°1 ;il ne pouvait pas savoir que la course se terminerait forcément sous régime de voiture de sécurité.14. Mercedes a fait valoir que les propos tenus par le pilote de la voiture n°63 à la radio de l'équipe n'étaient rien d'autre que des faits. L'équipe n'a déposé aucune plainte auprès de la direction de course concernant le dépassement de la voiture, car la position a été rendue par la voiture n°1.
15. Mercedes a également présenté des données télémétriques montrant les freinages des voitures n°63 et n°1 sur plusieurs tours sous Safety Car, qui, selon elle, montraient que le pilote de la voiture n°1 avait freiné dans la même ligne droite lors d'autres tours sous Safety Car, ce qui, selon elle, montrait que le comportement du pilote de la voiture n°63 n'avait rien de remarquable.
Max Verstappen, Red Bull Racing, George Russell, Mercedes
Photo de: Sam Bagnall / Motorsport Images via Getty Images
Remarques de la FIA
16. M. Malyon a expliqué que l'incident avait été observé par l'équipe de la direction de course et jugé qu'il ne justifiait pas d'être signalé aux commissaires. Il a déclaré que les freinages périodiques sous Safety Car étaient courants et prévisibles. Il a ajouté que, pour cette raison, la direction de course accordait toujours une certaine tolérance par rapport à la règle des dix longueurs de voiture, reconnaissant la nécessité d'un freinage et d'une accélération raisonnables.
Conclusions des commissaires
17. Compte tenu du témoignage de M. Malyon, nous acceptons l'explication de l'incident donnée par le pilote de la voiture n°63 et nous sommes convaincus que celui-ci n'a pas piloté de manière erratique en freinant à cet endroit et de cette manière.
18. Nous ne sommes pas convaincus que le simple fait d'avoir signalé à son équipe que la voiture n°1 l'avait dépassée constitue un comportement antisportif.
19. Même si la réclamation ne le prétendait pas, nous sommes également convaincus qu'en freinant à l'endroit et au moment où il l'a fait et de la manière dont il l'a fait, le pilote de la voiture n°63 n'a pas commis de comportement antisportif.
Décision
20. La réclamation est rejetée car elle n'est pas fondée.
21. La caution versée pour la réclamation est conservée.
George Russell, Mercedes
Photo de: Sam Bagnall / Motorsport Images via Getty Images
2025-06-16T07:11:12Z